Pénétrer dans l'enceinte du musée Carnavalet équivaut à
un bond immédiat dans le Paris du début du XIXème siècle. C’est se projeter
dans un monde où landaus et calèches viendraient déverser d’élégantes
parisiennes, la taille prise dans de longues jupes garnies d’un flot de rubans et accompagnées de messieurs en habit.
Ancien hôtel particulier, la cour pavée, d’une majestueuse et blême
froideur, laisse dès notre entrée une forte impression sur l'ensemble des groupes.
Nous y avons organisé deux visites, notre intérêt se portant sur les deux salles abritant des enseignes datant du XVème au XVIIIème siècles. Toutes évoquent l’ambiance du
vieux Paris. Ce fut l’occasion de réflexions et de moments drôles, fugitifs, sur lesquels nous nous attardons volontairement
pour en conserver l’empreinte.
L'enseigne aux trois rats - que nous avons appelés souris pour simplifier et qui suscite chez Shomon Mia la remarque suivante "beaucoup, beaucoup de souris dans le métro !" - a été source d'intenses réflexions. S'agissant d'une enseigne de fromager, nous leur avons donné quelques indices et posé moult questions pour les orienter. Nous finissons par leur demander de lister le produit français présent en fin de repas sur toutes les tables françaises. Froncement de sourcils. Baguette, céréales ... oui, mais que mange-t-on avec la baguette ? Re-froncement de sourcils. Confiture, beurre, jambon ... fromage !
Lors de la première des deux visites, l'une des participantes a trouvé la réponse, qui l'eût imaginé, grâce aux cartoons américains. Merci, Jerry !
La vitrine de l'apothicaire a, elle aussi, laissé la place aux spéculations. "Il vend des assiettes en porcelaine ?" demande Mamadou. "C'est un antiquaire " réplique Moussa. Le pilon et le mortier, technique traditionnelle utilisée dans la pharmacologie ancienne ne semblent inspirer personne. Finalement, ce sont Aïcha, Diana et Santhyyaseelan qui découvrent, au terme de longues minutes, qu'il s'agit des précurseurs de nos actuels pharmaciens.
Enseigne de coutelier |
Enseigne de lunettier |
Enseigne de boulanger |
Le Persan, enseigne d'un marchand de cachemires et de dentelles |
Enseigne de chapelier |
Comme son nom l'indique ... |
Les maquettes de l'île de la Cité et de la Ville de Paris attirent l'attention de tous et donnent manifestement des idées à Daho qui se montre très attentif.
Nous nous éparpillons ensuite dans le musée, suivons une enfilade de couloirs et de pièces, partons à la découverte des étages qui retracent l'histoire de Paris. Le groupe se déride, l'ambiance se réchauffe.
Shomon Mia a le mot facile et un sourire qui ne cesse de s'épanouir au fil de sa belle humeur. Il a le sens de l'humour également car, à la vue de la chambre de Paul Léautaud, dont le mobilier donne une idée du désordre dans lequel celui-ci vivait, il s'exclame "la chaise, ça, pour la poubelle". Éclat de rire général. Et, en effet, la chaise présente un cannage défoncé et bien fatigué.
Alors que nous nous attardons sur les peintures qui offrent de nombreuses vues de la capitale, de moments historiques ou encore le portrait de personnalités parisiennes, Hassan, l'oeil scrutateur, relève : « c’est pas bien la
peinture ». Nous sommes, à cet instant,
debout face à un portrait de Henri Gervex, pastelliste français et voyageur. Nous demeurons, un court moment, perplexes. Puis, nous nous apercevons que son regard se
porte, non pas sur les œuvres, mais sur le mur de support. Il précise alors « les
fissures, le rebouchage, le ponçage, c’est pas bien ». Entendez, ce
n'est pas un travail de professionnel.
Un peu plus loin, le berceau du prince impérial, soulève des murmures d'approbation, "c'est beau" et d'interrogation "on a mis un bébé dedans ?".
Berceau offert par la Ville à l'occasion de la naissance d'Eugène Louis, prince impérial |
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