mardi 26 novembre 2013

Atelier de novembre


Quinze personnes se sont déplacées pour ce deuxième rendez-vous. Parmi eux, quatre étaient déjà présentes lors de la précédente rencontre. Après un temps d’installation convivial car affronter le froid de fin de semaine valait bien un réconfort gourmand (Pierre et Mohamed en gardent certainement un souvenir ému car, preuve à l’appui, ils ont eu l’air de se régaler), nous avons ouvert la boîte à surprise, envoyée par Delphine du Mont-Saint-Michel.

Flagrant délit de gourmandise ?
Immédiatement, la statuette de Saint Michel passe de main en main, suscitant des commentaires variés. Nous leur demandons de nous en décrire les attributs (épée, bouclier, ailes, balance) et de tout autre détail attirant leur attention.

La discussion est l’occasion d’une (brève mais intéressante) incursion dans le monde céleste des séraphins et des anges. Michel (Mikâil), Gabriel (Gibrîl) et Raphaël (Isrâfil) étant les plus connus et dont les noms ont une résonance pour quasiment tous les participants.
 
« Elle est en or ! » s’exclament plusieurs en choeur tandis que Kaoutar remarque immédiatement : « c’est un soldat, il a une …» butant sur le mot mais mimant à la perfection  le tranchant et la pointe de l’épée.  « Il a des ailes comme un oiseau » relève Moussa au même instant. « Au pied, c’est un scorpion » enchaîne, Kaoutar très en verve ce soir là, mais aussitôt reprise par Aïcha : « Non, c’est un dragon ».

Le dragon, symbole des forces démoniaques, fait émerger, au cours des échanges deux mots parfaitement compris de tous : diable et démon. Nous avons cependant omis de préciser que le dragon - épreuve initiatique du chevalier et puissance du chaos et du mal en Occident - est au contraire, pour les Chinois dont nous avons deux représentantes, un animal bénéfique.

Nous ne pouvons nous empêcher de relever une rafraîchissante réflexion de Kaoutar, lorsque nous en venons à parler de la balance, utilisée pour la pesée de l'âme.  "Ah oui, comme l'âme sœur, quant on rencontre son âme sœur".  Nous aurions tellement aimé abonder dans son sens et lui donner raison mais dans le cas présent, nous avons dû expliquer qu'il s'agissait plutôt de l'esprit, puisque nous évoquions le jugement de l'âme, omniprésent, on l'imagine dans les pensées des femmes et des hommes il y a bien longtemps. Jugement qui devait ensuite leur reconnaître, ou non, tout droit à la vie éternelle.

Nous sommes ensuite revenus à des sujets plus ancrés dans la réalité de l’instant car, dans la boîte, reposaient, les réponses à toutes les questions qui avaient été soulevées en octobre. Les réponses sont personnalisées, le tout présenté dans une pochette de couleur, élégamment calligraphiée du prénom de la personne à laquelle elle est destinée. Mais c’est en commun que nous prenons connaissance des réponses, qu'elles sont déchiffrées et expliquées.

Calligraphie or pour Aïcha dont le prénom signifie, à l'image de celle qui le porte, pleine de vitalité
Devant quelques photos du Mont et avant même de découvrir la réponse, Bishoy s’enquiert de la population qui y vit aujourd'hui  « c'est seulement pour les prêtres? » demande-t-il, faisant référence au monastère de Sainte Catherine, en Égypte.

Une longue discussion s'installe ensuite autour de l’architecture, de l’art roman et de l’art gothique. Les photos dont nous disposons nous aident à expliquer, de façon simple et concrète, les différences essentielles entre les deux styles. Nous nous apercevons rapidement que l’art gothique remporte tous suffrages : « c’est plus beau, plus haut, plus joli, plus travaillé ». Le style dépouillé de l’art roman leur fait remarquer « c’est un peu japonais ».

Les apprenants absents lors de la dernière séance ont, eux-aussi, leur lot de questions, ce qui nous permettra de poursuivre la correspondance entamée avec le Mont.


« Quelle est la hauteur et quelle est la surface du rocher ? » demande Alam.
 « Est-ce que les Montois parlent une langue régionale ? » relève Daho.
 « Y-a-t-il des enfants sur le Mont ? des jeunes ? Quarante-six personnes seulement vivent sur le Mont ? nous sommes déjà dix-neuf dans la salle ! Il n’y a pas d’école ? » s’étonnent quelques uns.
 « Pourquoi les Bretons et les Normands se battaient ? » s’interroge Bahia.
« Les touristes viennent toute l’année ? » ajoute Kaoutar s’étonnant du nombre de ses compatriotes qui ont visité le Mont. « Mais pourquoi les Marocains vont-ils visiter le Mont ? » ajoute-t-elle tandis que nous prenons connaissance des statistiques liées aux touristes qui ont visité le lieu au cours de l’année écoulée.

Ce point provoque la curiosité. Hélas aucune trace de touristes Égyptiens ou Bangladais. Nous espérons que, grâce à voyage, ces deux nationalités paraîtront dans les statistiques de fréquentation de l'année 2014 !


jeudi 14 novembre 2013

Un Mont et des merveilles


Nous avons reçu, de la part de l'équipe du service culturel du Mont-Saint-Michel, une merveille. Une merveille élancée, dorée, aérienne, pourvue de deux ailes, guerrière terrassant le mal qui s’est dissimulé sous les traits du dragon de l’Apocalypse.

Une merveille guerrière, donc, qui n’est autre qu’une statuette de l’archange Michel, reproduction fidèle de celle qui surplombe la flèche de l’église abbatiale du Mont.  


Statuette de Michel, chef des armées célestes.
 
Michel, prénom dérivé de l'hébreu Mi-Ka-El qui signifie Semblable à Dieu

En sa qualité de messager, il nous apporte dans le cas présent les réponses aux questions posées par quelques participants présents lors de l’atelier du 22 octobre dernier.

Aux questions de Rabhi qui s’interrogeait sur le nom même du  Mont et sur la raison de sa construction au sommet d’un rocher, il a été répondu que le Mont Tombe - nom d'origine du lieu - a été "offert" à l'archange Michel.


À Kamel qui souhaitait savoir qui avait ordonné sa construction, nous découvrons qu’il s’agit de l’évêque Aubert. La construction débute en 708 après Jésus-Christ et se perpétue sur quelque 1 100 ans durant lesquels constructeurs et architectes se succèdent.

L'ange Michel ordonne à l'évêque d'Avranches d'édifier un lieu qui portera son nom

Parmi les préoccupations d’Aïcha et de Mohamed qui, tous deux, se demandaient si, aujourd'hui encore, des personnes vivent sur place et si le lieu est un endroit sacré, nous apprenons que les habitants du Mont, au nombre de quarante-six et dont parmi eux des religieux, sont appelés les Montois, qu’ils y vivent essentiellement pour des raisons professionnelles. 

Et, oui, le lieu a un caractère sacré et symbolise l'accès au ciel.

En réponse à Moussa sur le style de construction, il est rappelé que l’architecture, française et datant du Moyen-Âge,  a de nombreux points communs avec les architectures présentes dans d’autres pays de la chrétienté.

Une architecture commune à de nombreux édifices
Quant aux points soulevés par Abdelkader et Seny sur d'éventuelles guerres et autre symbole de paix, il est rappelé que le Mont  a été construit pour ressembler le plus possible au Paradis mais qu'il a néanmoins toujours été une terre de combat, conçue pour se protéger d’éventuels assaillants, d’où la présence de canons.


Toutes les réponses apportées sont, selon le thème, accompagnées de documents divers, permettant de mieux situer ou comprendre l'information transmise.

Loin de nous l’envie de faire du mauvais esprit, de piètres jeux de mots, mais, plus le temps avance, plus nous avons envie de nous surpasser, car ce partenariat nous donne, véritablement, des ailes.



Que la liste est longue jusqu’au Mont-Saint-Michel


Nous avons commencé, pour être certaines de ne rien oublier ou presque, par établir des listes de tout ce qu’il y avait à faire pour mener à bien ce projet,
Avons poursuivi la tâche en dressant puis en faisant circuler une liste d’inscription,
À laquelle succédera, forcément, une liste d’attente.

Croyez-nous, composer une liste, quelle qu’elle soit,  en se demandant s’il faut, oui ou non, l’établir par ordre alphabétique, ordre d’arrivée, dans le désordre, ça n’a l’air de rien mais, ça demande avant tout, de la rigueur, encore de la rigueur et toujours de la rigueur !

Mais, pour conduire une liste, faut-il être le premier ou le dernier ? Peu importe finalement, on se dit que l’essentiel est, le moment venu, de figurer sur cette satanée fameuse liste.

Bon, pour être tout à fait franches, nous avions commencé, bien en amont en  constituant la liste des activités à prévoir avant, pendant et après le séjour. Pour  ce faire, nous n’avons pas oublié,  non, non, non ! l’incontournable liste de présence.

Puis au fur et à mesure de l’avancée du projet, sont arrivées, chacune leur tour mais fermement décidées à s’imposer,
La liste des affaires à emporter,
La liste des numéros de téléphone et d’urgence à communiquer aux participants,
La liste des courses alimentaires et de produits divers, qui donne le vertige par sa longueur et sa consistance,
Sans oublier la liste des substances illicites pharmaceutiques pour les petits bobos quotidiens.

Panacher les listes, dites-vous ? Aucun problème, maintenant, ça nous connaît.
Omettrons-nous quelque chose sur ces listes ? Probablement.

Viendra prochainement le moment où nous nous mettrons à cocher les listes, à les fermer, à les biffer, voire les supprimer et sincèrement, c’était bien la peine, tiens, si c’est pour en être évincé.

Mais en attendant, mon Dieu, que de listes à constituer et qu’elles sont longues !




mardi 5 novembre 2013

Ressentis ...

... d'apprenants autour de l'idée et du mot voyage.


Pour Adel, le mot symbolise une envolée vers d'autres cieux, le rêve d'un meilleur, de détente. C'est "quelqu'un qui prend des vacances. Une personne qui va dans un autre pays, prendre l'avion. J'aimerais aller au Brésil parce je n'y suis jamais allé, et là-bas, la vie y est très bonne".

Quant à R'kia, en cet instant, le voyage est une plaie vive, un moment douloureux qui engendre l'éloignement, le mot est pour elle synonyme de déracinement, "de déplacement, c'est partir pour le travail. Mon fils est parti hier en Australie, il est parti pour toujours ou pour une courte durée ... je ne sais pas. J'ai beaucoup pleuré, c'est pour ça que je suis un peu malade. La séparation n'est pas facile. L'Australie, c'est trop loin, c'est un pays très lointain".


Le voyage pour rêver à d'autres cieux ou s'attrister de la distance ...

Plus simplement, Adoulaye explique que c'est avant tout "quelqu'un qui part, pour aller découvrir un endroit".

Une idée que rejoint Ahmed, qui approuve et renchérit,"c'est découvrir un nouvel endroit et découvrir l'histoire d'un autre pays, d'une autre culture".

Paroles captées lors de la présentation du projet le 18 octobre dernier auprès d'une partie des apprenants.