lundi 2 décembre 2013

Décris-moi ton enseigne, je te dirai qui tu es



Pénétrer dans l'enceinte du musée Carnavalet équivaut à un bond immédiat dans le Paris du début du XIXème siècle. C’est se projeter dans un monde où landaus et calèches viendraient déverser d’élégantes parisiennes, la taille prise dans de longues jupes garnies d’un flot de rubans et accompagnées de messieurs en habit. 

Ancien hôtel particulier, la cour pavée, d’une majestueuse et blême froideur, laisse dès notre entrée une forte impression sur l'ensemble des groupes. 

Nous y avons organisé deux visites, notre intérêt se portant sur les deux salles abritant des enseignes datant du XVème au XVIIIème siècles. Toutes évoquent l’ambiance du vieux Paris. Ce fut l’occasion de réflexions et de moments drôles, fugitifs,  sur lesquels nous nous attardons volontairement pour en conserver l’empreinte.
La première salle aux enseignes du musée Carnavalet

Visite du groupe de l'après-midi


L'enseigne aux trois rats - que nous avons appelés souris pour simplifier et qui suscite chez Shomon Mia la remarque suivante "beaucoup, beaucoup de souris dans le métro !" - a été source d'intenses réflexions. S'agissant d'une enseigne de fromager, nous leur avons donné quelques indices et posé moult questions pour les orienter. Nous finissons par leur demander de  lister le produit français présent en fin de repas sur toutes les tables françaises. Froncement de sourcils. Baguette, céréales ... oui, mais que mange-t-on avec la baguette ? Re-froncement de sourcils. Confiture, beurre, jambon ... fromage ! 
Lors de la première des deux visites, l'une des participantes a trouvé la réponse, qui l'eût imaginé, grâce aux cartoons américains. Merci, Jerry !

La vitrine de l'apothicaire a, elle aussi, laissé la place aux spéculations. "Il vend des assiettes en porcelaine ?" demande Mamadou. "C'est un antiquaire " réplique Moussa. Le pilon et le mortier, technique traditionnelle utilisée dans  la pharmacologie ancienne ne semblent inspirer personne. Finalement, ce sont Aïcha, Diana et Santhyyaseelan qui découvrent, au terme de longues minutes, qu'il s'agit des précurseurs de nos actuels pharmaciens. 


 L'enseigne du coutelier, large paire de ciseaux suspendue dans les airs, a donné lieu à diverses hypothèses dont le coiffeur, pour Hassan et le tailleur ou le couturier, selon Mohamed et Santhyyaseelan.

Enseigne de coutelier
Enseigne de lunettier
Enseigne de boulanger
Le Persan, enseigne d'un marchand de cachemires et de dentelles



Enseigne de chapelier





Comme son nom l'indique ...

Les maquettes de l'île de la Cité et de la Ville de Paris attirent l'attention de tous et donnent manifestement des idées à Daho qui se montre très attentif.



Nous nous éparpillons ensuite dans le musée, suivons une enfilade de couloirs et de pièces, partons à la découverte des étages qui retracent l'histoire de Paris. Le groupe se déride, l'ambiance se réchauffe.  
Shomon Mia a le mot facile et un sourire qui ne cesse de s'épanouir au fil de sa belle humeur. Il a le sens de l'humour également car, à la vue de la chambre de Paul Léautaud, dont le mobilier donne une idée du désordre dans lequel celui-ci vivait, il s'exclame "la chaise, ça, pour la poubelle". Éclat de rire général. Et, en effet, la chaise présente un cannage défoncé et bien fatigué.



Alors que nous nous attardons sur les peintures qui offrent de nombreuses vues de la capitale, de moments historiques ou encore le portrait de personnalités parisiennes, Hassan, l'oeil scrutateur, relève :  « c’est pas bien la peinture ». Nous sommes, à cet instant, debout face à un portrait de Henri Gervex, pastelliste français et voyageur. Nous demeurons, un court moment, perplexes. Puis, nous nous apercevons que son regard se porte, non pas sur les œuvres, mais sur le mur de support. Il précise alors « les fissures, le rebouchage, le ponçage, c’est pas bien ». Entendez, ce n'est pas un travail de professionnel.


Un peu plus loin, le berceau du prince impérial, soulève des murmures d'approbation, "c'est beau" et d'interrogation "on a mis un bébé dedans ?".


Berceau offert par la Ville à l'occasion de la naissance d'Eugène Louis, prince impérial
Alors que la matinée avait commencé dans la grisaille, au sortir du musée, le ciel offrait au regard des filaments de nuages laissant place à un ciel à la lumière d'un bleu laiteux. Une belle journée.

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